Samedi après-midi, j'ai vécu un grand moment de béatitude gourmandissime en suivant un cours sur les macarons présenté par Thierry Mulhaupt, le grand pâtissier alsacien au palmarès impressionnant : meilleur pâtissier de France, meilleur pâtissier international à Barcelone, premier prix des Olympiades de la gastronomie à Francfort... Quel régal pour les sens (et pour mes petits neurones d'aspirante pâtissière) ! Seul léger bémol : au bout de 4 heures à palper le macaron, j'avais l'impression de m'être moi-même transformée en macaron peut-être à cause de l'odeur qui m'enveloppait, des chucculents macarons ingurgités ou encore de mes vêtements délicatement tachés de pâte à macaron (ben oui, délicatement... elle est délicate la pâte à macaron, pas comme de la boue tout de même... mes vêtements en auraient redemandé si je leur parlais... gourmande certes, mais pas cinglée non plus ;-))) ! Il est par contre réellement incontestable qu'il est plus alléchant d'être un macaron qu'un pot de moutarde, même de Dijon, si tant est qu'on trouve encore de la moutarde à Dijon mais ça, c'est une autre histoire... Le débat consiste maintenant à savoir s'il vaut mieux fabriquer des macarons ou des lapins en chocolat pendant une après-midi, et je vous assure qu'il y a là matière à doctriner pendant des heures. Des amateurs ? Bref, je m'égare...
TM nous a livré ses bottes secrètes (très jolies, taille 45) et dans ma grandeur d'âme, je m'apprête à les partager avec vous, avant de vous livrer, au cours d'un prochain billet, la recette des précieux macarons en question. En toute honnêteté, je crois que niveau concurrence, TM ne risque pas grand chose de ses apprentis élèves (pour le moment) lesquels ont certes produit de jolies pièces (c'est le printemps, z'avez pas vu ?) mais avec l'aide de pros, avec de la pâte à macarons de pros et des ganaches de pros. J'imagine que pour produire de beaux macarons (plusieurs plaques au contenu identique, s'entend bien), il faut s'entraîner comme des bêtes pendant des mois à raison de plusieurs heures par jour... Mais on peut s'approcher du Graal avec de l'entêtement et espérer épater peu à peu son ego... et ses proches ;-) ! Je vous conseille d'ailleurs d'apprendre à pocher comme un chef (avec le bras gauche dans le dos, des petits tas tous identiques à intervalles réguliers, les yeux fermés ou presque) : ça vous assure un prestige immédiat et des Wouah non réprimés. En tout cas, le goût est là et avec ces quelques astuces, votre côte de popularité sera au taquet pour de longs mois.
Les bons ingrédients pour réussir les macarons parisiens
Il s'agit ici de réaliser des petits macarons parisiens traditionnels, c'est-à-dire deux coques réunies par une ganache ou une gelée de fruits. Les ingrédients de base pour réaliser ses petits biscuits sont le sucre, la poudre d'amande et les blancs d'oeufs. Le macaron est une meringue à l'amande, tout simplement. Petite présentation desdits ingrédients :
Le sucre : il faut du sucre cristal pour préparer un sirop qui servira à lisser les blancs d'oeufs (c'est ce qu'on appelle la technique de la meringue italienne).
Le tant pour tant : c'est un mélange constitué à 50% de sucre glace et à 50% de poudre d'amande. Il est facile de se procurer du bon sucre glace dans le commerce. Mais question poudre d'amande (blanche), c'est plus délicat. Les meilleures ont pour origine l'Espagne ou la Californie, mais ce pas grave si vous ne trouvez que des amandes du Kamtchatka ou de Pennsylvanie. Il faut surtout que la poudre soit bien sèche. En effet, certains fabricants proposent des amandes volontairement gorgées d'eau (elles sont vendues au poids, inutile de vous faire un dessin : c'est plus lucratif) ou involontairement humides (question de conservation, mais aussi de technique, car pour monder les amandes, il est de coutume de les plonger dans un gros volume d'eau bouillante). Pour assécher votre poudre d'amande, il est donc conseillé de laisser le sac de poudre d'amande ouvert à l'air libre pendant au moins 2 jours. Il faut absolument que la poudre soit sèche, sinon la meringue ne prendra pas et le macaron sera lamentablement planté. Autre remarque : la poudre d'amande n'est pas systématiquement moulue très finement. Il convient donc de la mixer pour obtenir une poudre extra fine (sinon la pâte sera granuleuse).
Les blancs d'oeufs : il faut clarifier des oeufs frais (séparer les blancs des jaunes) et conserver les blancs d'oeufs à température ambiante (dans une boîte hermétiquement close) pendant au moins 2 jours. Attention au poids des oeufs : les recettes sont exprimées en poids et non en unité. En effet, le poids moyen d'un blanc d'oeuf oscille entre 35 et 37 grammes (en pâtisserie, on part du principe que le poids d'un oeuf est de 50 grammes, ce qui correspond au poids des oeufs de calibre moyen). Or pour faire des macarons, il faut être précis : dire 3 blancs d'oeufs font 100 grammes mérite une rapide vérification par un recours à la balance ménagère. Petite précision pour les hypocondriaques : on ne risque rien en mangeant des macarons réalisés à partir de blancs d'oeufs laissés à température ambiante pendant 48 heures parce qu'ils seront cuits 2 fois (une première fois au cours de la réalisation de la meringue, une seconde fois dans le four).
Les colorants alimentaires : TM conseille de s'approvisionner en colorants en poudre. C'est nettement moins onéreux puisque qu'avec une pointe de couteau de poudre colorante diluée dans du liquide, vous obtenez plusieurs millilitres de quantité de colorant nécessaire à votre préparation.
Le bon matériel pour réussir les macarons parisiens
Un four : TM nous a donné la bonne température pour un four à chaleur tournante. En principe, il faut toujours adapter la température des recettes souvent donnée pour des fours à air pulsé, en la diminuant de 25° C en moyenne pour une cuisson à chaleur tournante.
Une balance ménagère précise au gramme.
Une thermosonde pour mesurer la température du sirop et de la pâte à macaron.
Un mixer pour obtenir une poudre d'amande très fine.
Du papier sulfurisé sur lequel on dispose les tas de pâte à macarons. Ils se décolleront très facilement s'ils sont suffisamment cuits.
Des plaques à pâtisserie plates (30 cm x 40 cm) : prévoir de ne réaliser qu'une trentaine de coques de 2 à 3 cm de diamètre par plaque et de ne mettre qu'une plaque à la fois dans le four (le traitement est différent pour des macarons individuels ou des grands macarons, la durée de cuisson doit être plus longue). Tout est question d'humidité et de traitement de cette humidité par votre four. Plus on met de coques dans le four, plus il y aura d'humidité dans le four. Cette humidité influencera la cuisson des macarons (qui sera plus ou moins longue) et peut même être fatale aux macarons (qui se fendillent inexorablement). Le sacrifice d'une seule tôle de macarons permet d'ajuster le temps de cuisson ou de déterminer si on doit légèrement entrouvrir la porte du four.
Une poche à douille pour pocher les coques (prévoir un diamètre de 2 à 3 cm par coque pour les petits modèles, de 5 à 8 cm pour les modèles dits individuels et de 20 cm au moins pour les grands modèles qui peuvent servir de base à un dessert à partager). Pour vous aider dans la réalisation de vos macarons au moment du pochage, il est possible de recourir à un modèle de gabarits pour macarons (clic). Inutile non plus de prévoir trop d'espace entre chaque coque : 2 cm suffisent largement. Essayez par contre de les disposer en quinconce.
Un fouet : pas manuel, malheureusement. Le must consiste à faire tourner son robot électronique si on a la chance d'en posséder un ou au pire, à jongler avec un batteur électrique, mais c'est déjà moins pratique quand il s'agira de verser le sirop sur les blancs tout en continuant de fouetter les blancs. Acrobatique certes, mais pas impossible !
Une corne ou une maryse pour macaronner la préparation, c'est-à-dire mélanger de manière homogène le tant pour tant et la meringue italienne. Il est inutile de prendre beaucoup de précaution pour macaronner la préparation : les blancs d'oeufs qui sont cuits ne risquent plus de casser. Le macaronnage permet uniquement de bien homogénéiser l'ensemble (ayez des gestes amples) et de rectifier les quantités le cas échéant.
Les bons tours de mains pour réaliser des macarons parisiens
Il y a plusieurs points délicats à surveiller lors de la réalisation des macarons :
Pour réaliser le sirop, utiliser un pinceau trempé dans de l'eau et passer sur les bords de la casserole afin d'éviter la cristallisation du sucre sur les parois, au début de la cuisson et en milieu de cuisson (ou quand vous le voulez si vous êtes super angoissé à l'idée de rater vos macarons).
Attention au modèle de plaque de cuisson utlisé pour réaliser le sirop : la cuisson sur une plaque à induction est très rapide, il est donc prudent de ne pas chauffer au maximum (sur position 10, si 12 positions sont prévues), car le caramel peut prendre au fond alors que la surface sera encore liquide.
Verser les quelques gouttes de colorant au moment de la réalisation du sirop.
Taper vigoureusement les plaques sur un support solide (pas une étagère mal montée, c'est très dangereux) une fois que les macarons sont faits : ce n'est pas une pratique vaudoue pour chasser le mauvais esprit de votre cuisine et vous garantir de parfaits macarons ;-) ! C'est pour bien lisser le dessus des petites coques et chasser les éventuelles bulles d'air de la pâte.
Faire croûter les coques : poser les plaques à l'air libre (sec de préférence, allumer la hotte si nécessaire, le fond de l'air doit être très sec) et attendre que l'on puisse poser le doigt sur le macaron : quand le dessus est bien sec (et doux comme du velours), le macaron est fin prêt à être cuit. Il est difficile de donner une durée pour le croûtage. 30 minutes est une bonne moyenne.
Un grand merci à Monsieur Thierry Mulhaupt et au chef pâtissier Laurent Schott de nous avoir fait partager un peu de leur savoir et de leur maîtrise. J'invite d'ailleurs tous ceux qui ont la possibilité de suivre un cours de pâtisserie de ne pas hésiter à le faire, c'est incroyablement passionnant. Si vous êtes intéressé par un cours de TM, c'est ici.